Décembre 1989 à Bucarest, chacun visiblement s’en souvient. Si l’on accepte la chronologie établie par l’historien britannique Eric Hobsbawm, pour qui le « court xxe siècle » aura commencé en 1914 et se sera achevé en 1989, alors on doit admettre que nous sommes entrés dans le xxie siècle depuis bientôt vingt-cinq ans. Et pourtant, celui-ci nous semble toujours aussi opaque. Et ce n’est pas un retour de Bucarest qui atténuera ce sentiment ! La faute pourrait en incomber au présentisme : le poids du présent a colonisé notre expérience du temps, fixant contre notre gré un nouveau régime d’historicité . Et ce présent permanent d’empêcher dans un même mouvement notre projection dans le futur, nous maintenant dans un rapport obsessionnel au passé que Bucarest incarne à merveille pour le meilleur (parfois) et pour le pire (souvent).