Dans le cadre de la journée d’étude visant à interroger la notion complexe d’ « expérience politique » au Moyen Âge, la présente proposition de communication à deux voix entend appréhender la question en prenant comme objet d’étude le couple dans la haute noblesse tardo-médiévale. Tandis que le couple tend à devenir un véritable modèle au sein des constructions nobiliaires à la fin du Moyen Âge, s’affirmant sur différents supports (testaments, inhumations et plates-tombes doubles, collégialité du pouvoir seigneurial mis en scène dans les actes de la pratique), il nous semble opportun de l’approcher sous l’angle de l’expérience politique. S’inscrivant dans la démarche multiscalaire de la journée, après une mise au point terminologique préalable, la présente contribution entend réfléchir aux sources qui peuvent être mobilisées tout en en montrant les limites. Un cas d’étude développé sera proposé, à savoir celui du couple Odon de Villars-Alix de Baux. Cet exemple permet d’élaborer une réflexion croisée entre deux espaces princiers, la Provence et la Savoie. Odon de Villars (né v. 1340-1350 et m. en 1415), noble de Dombes marié à Alix de Baux, issue d’un des lignages les plus prestigieux et actifs de la noblesse provençale, incarne bien l’hypermobilité de la noblesse tardo-médiévale qui puise son expérience politique à différentes cours. A la fois recteur du Comtat Venaissin pour le pape Clément VII dès 1390, gouverneur de Savoie et du prince Amédée VIII de 1393 à 1398, comte de Genève de 1400 à 1401 et gouverneur de Nice à plusieurs reprises entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle, il s’illustre par une certaine latitude d’action et l’acquisition d’une véritable expérience politique, ne serait-ce que par la nature des missions qui lui sont confiées et son rôle de conseiller du prince. Or, pour le versant provençal, son activité politique s’inscrit dans un cadre double. Nanti d’une expérience politique acquise à la cour du pape et du comte, c’est cependant du chef de son épouse Alix de Baux, citée à chaque fois, qu’il dirige les affaires de la coseigneurie d’Aubagne par exemple. Ce faisant, c’est bel et bien le modèle du couple noble qui est perpétué et convoqué comme ressort de l’action politique. Au cours de cette intervention à deux voix, nous analyserons ainsi les mécanismes de prises de décision au regard de ce paradigme dual et tenterons d’en comprendre les logiques.