Compte tenu de sa nature intrinsèquement complexe, la performance sportive collective est aujourd’hui principalement évaluée via des relevés quantitatifs et qualitatifs lors de situations aménagées en jeu réduit (Gréhaigne, 2018). Les technologies numériques apparaissent alors comme un des outils innovants pour appréhender cette complexité. Se pose toutefois la question des « usages que les humains en font » (Tricot, in Roche, 2021). Dans le dispositif support de l’étude, trois entraîneurs novices engagés dans le Brevet d’Entraîneur de Football (BEF) ont, tout d’abord, été formés à enseigner, accompagner et évaluer les actions collectives de leurs joueurs à partir d’usages singuliers de technologies numériques. D’un point de vue théorique, ces usages ont été construits à partir de postulats empruntant à une conceptualisation de la formation (Chaliès et al., 2015) et de l’action collective (Livet et Nef, 2009). Les entraineurs ont ensuite réalisé ces activités d’entraînement auprès de leurs joueurs. Concernant l’activité d’évaluation, ils ont été accompagnés par un tuteur pour (i) comparer les actions collectives réalisées par leurs joueurs, enregistrées en vidéo lors d’une situation de jeu réduit, à celles initialement enseignées à l’appui d’une animation vidéo 3D et (ii) interpréter le ratio de réussite des actions collectives pour (in)valider leur apprentissage. Les données issues des entretiens d’auto-confrontation des entraîneurs à leur activité d’évaluation ont été traitées selon une procédure qualitative (Chaliès & Bertone, 2021). Les résultats montrent que les technologies vidéo leur permettent de disposer de davantage de temps, d’une prise de vue en plongée, d’une modélisation de l’action collective attendue, et d’objectiver sa conformité. La plus-value de ces technologies est également liée à certaines activités du tuteur. Toutefois, l’évaluation nécessite parfois une interprétation de l’action collective réalisée au regard d’éléments contextuels. La consubstantialité de l’activité d’évaluation, des technologies numériques supports de celle-ci, et de son objet est finalement discutée.