Les échanges transnationaux et interculturels tels qu’ils ont cours depuis près de cinquante ans ont fait l’objet de vifs débats et recherches. Un concept apparaît aussi bien en philosophie, en sociologie qu’en architecture, celui d’hybride. Ce dernier a souvent été utilisé au côté d’autres concepts tels que le métissage, la créolisation ou la reformulation, sans qu’il n’y ait, semble-t-il, de consensus sur les nuances sémantiques propres à chacun. Toutefois, l’utilisation exponentielle de ce terme  avalise bien la complexité du monde dans lequel nous vivons depuis la seconde moitié du xxe siècle, nous amenant à développer une « pensée des multiplicités » (Michel Serres) plutôt qu’à suivre un système réflexif binaire, à une époque où symptomatiquement les « post- » en tous genres se multipliaient — ici, le postmodernisme, le postcolonialisme, le poststructuralisme. Dans le champ architectural, à l’heure d’un intérêt encore persistant pour les « pays en voie de développement » et pour les formes architecturales vernaculaires et/ou populaires, certains enseignants des écoles d’architecture ont étudié les échanges et les interférences culturels dans l’architecture récente de ces pays. Ainsi, nous verrons que Daniel Pinson, d’une part, et Christelle Robin et Shin Yong-hak, d’autre part, ont interrogé, chacun à sa manière, les processus d’hybridation à l’œuvre dans le renouvellement des formes architecturales, suivant des modes de vie bien plus complexes que la dichotomie, souvent convoquée, entre ce qui tient de la « tradition » et ce qui tient de la « modernité ». À partir de ces deux recherches, nous évoquerons un contexte de questionnements plus large durant les années 1980 et 1990 quant à l’avenir de la modernité.