Après plusieurs années avant-coureuses et un mois de mai tumultueux, décembre 1968 sonne la fin de l’enseignement de l’architecture à l’École des beaux -arts (ENSBA) (Violeau, 2005). Dès 1969, alors que les Unités Pédagogiques (UP) ouvrent leurs portes, plusieurs d’entre elles développent un enseignement spécialisé sur les pays tropicaux, majoritairement axé sur l’architecture bioclimatique et solaire. Puis, une deuxième vague d’enseignements, cette fois-ci plus généralement consacrés aux pays du « Tiers monde » survient à la fin des années 1970 et début 1980, avant d’adopter le terme « pays en voie de développement » dans leurs intitulé. Les UP, quant à elles, y réalisent entre-autre – seules ou en partenariat avec ces institutions - des stages de « pratique opérationnelle », c’est-à-dire des études ou des projets effectués par un groupe d’étudiants sous la direction d’enseignants à la suite d’une commande. C’est cette forme pédagogique, nouvelle dans les années 1970, qui fera l’objet de notre analyse. Au travers de l’exemple de deux expériences réalisées en Guadeloupe par deux établissements distincts avec vingt ans d’écart, cet article propose de questionner les méthodes et moyens de formation à la projetation dans une zone étrangère aux jeunes architectes qui y interviennent, dans un contexte donné, celui des nouvelles relations postcoloniales entre Nord et Sud qui annoncent et préfigurent la mondialisation que nous connaissons aujourd’hui. .