Plus d’un siècle après les observations initiales de Galton (1880), un regain d’intérêt pour les extrêmes du spectre de l’imagination a vu le jour dans les recherches en sciences cognitives, puis rapidement dans le domaine artistique et humain. Particulièrement, un pan de la recherche s’intéresse au phénomène d’aphantasie (Zeman et al., 2015), qualifié par une difficulté voire incapacité à produire des images mentales visuelles, ou autrement décrit, à utiliser son « œil mental ». En m’appuyant sur une recherche exploratoire (Collignon et al., 2022) effectuée à l’aide d’un paradigme méthodologique mixte mêlant micro-phénoménologie (Petitmengin et al., 2015), épreuve projective, questionnaire, et hypnose, je défendrai l’hypothèse d’un style cognitif particulier (Ganczarek et al., 2020), en contre-pied de la tendance à pathologiser l’aphantasie. J’aborderai ainsi l’intérêt d’étudier l’aphantasie et plus largement les extrêmes du spectre de l’imagination avec un regard clinique, dans un point de vue « à la première personne ». Cet apport, à la fois méthodologique et conceptuel, peut ainsi permettre de penser les implications de ces styles cognitifs dans la vie quotidienne des sujets, ainsi que la prise en charge des patients, notamment lors de la passation d’épreuves projectives ou l’usage de pratiques thérapeutiques de transes, comme la méditation ou l’hypnose. Enfin, la psychologie clinique peut permettre de pousser une réflexion concernant l’(in?)existence possibles de liens avec la psychopathologie (Dance et al., 2021 ; Monzel et al., 2020).