Dans la plupart des productions, littéraires (de l’Histoire prodigieuse d’une jeune damoiselle de Dole…, à Restaurante Caníbal), cinématographiques (de King Kong à Sweeney Todd), picturales (de Rubens à Goya) qui lui sont consacrées, la fiction utilise le canibalisme pour déclencher un sentiment d’effroi et de dégoût chez le lecteur-spectateur, alors que l’anthropologie, depuis Montaigne et ses « Cannibales », si l’on puit dire, aurait tendance à normaliser ou à relativiser l’importance de l’acte de dévoration d’un être humain par ses congénères. En quoi ce qui peut être considéré comme supportable dans un certain contexte devient-il abominable dans un autre ? Quelle est la place de l’interdit et quel rôle joue-t-il dans ces différentes visions ? Telles sont les questions auxquelles on tentera de répondre dans cet exposé.