Fondé sur l’examen d’une dizaine de pièces se déroulant, intégralement ou majoritairement, à ciel ouvert, cet article étudie les formes que prend, les fonctions qu’endosse et les discours que suscite le paysage dans l’écriture théâtrale de Noëlle Renaude (des deux premiers textes de l’autrice, parus à la fin des années 1980, à ses tout derniers, parus à la fin des années 2010). Loin de se réduire à un effet d'arrière-plan, à un joli décor accueillant fictions et personnages, le paysage s’impose, dans cette œuvre, comme un schème dramaturgique et un opérateur critique décisifs. En faisant alterner lectures de détail et saisies plus transversales, il s'agit de montrer que Noëlle Renaude ne cesse de (se) jouer des médiations – matérielles et culturelles, techniques et symboliques – qui président à la fabrique du paysage et en règlent les effets, et que ce faisant, elle interroge les cadres et renouvelle les codes du théâtre, tout autant qu’elle questionne notre rapport à la nature et aux vivants