Le mont Garizim, situé à Naplouse en Cisjordanie, est le lieu saint central de la communauté samaritaine. Depuis le milieu des années 1980, il est aussi le lieu de résidence d’une partie de ses membres. Considéré comme le site de l’origine du monde, le mont Garizim est décrit dans les traditions samaritaines comme un lieu à part, séparé du reste du monde en raison de sa sainteté. En s’appuyant sur les récits de fondation de la géographie sacrée samaritaine, cet article s’attachera à délimiter les frontières de cette « autre Terre sainte », et à décrire les discours de légitimation dont elle est l’objet, vis-à-vis de Jérusalem, dans le cadre d’un débat ancien sur l’antériorité. En soulignant les stratégies d’appropriation concurrentes qui enserrent le mont Garizim, il s’agit d’apporter un éclairage sur la façon dont le contexte politique contemporain a entraîné de nouvelles significations qui tendent à resacraliser et relégitimer le lieu saint.