Être ou ne pas être les « petites mains » du chirurgien. Ambivalences et construction identitaire d’une technicité non-médicale chez les infirmières de bloc opératoire - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Être ou ne pas être les « petites mains » du chirurgien. Ambivalences et construction identitaire d’une technicité non-médicale chez les infirmières de bloc opératoire

Résumé

Les infirmières de bloc opératoire (Ibode) restent en France une profession méconnue et à l’identité professionnelle peu stabilisée. De fait, les complexes rapportés par les Ibode sont multiples : exerçant dans un service par essence fermé, elles feraient les frais de représentations fantasmées du bloc, en étant perçues comme exerçant un travail dégradant, dans l’ombre de chirurgiens dont les tempéraments flirteraient avec un certain tyrannisme. Les Ibode , enfermées dans un statut d’exécutante et « payées des clopinettes », seraient en outre par nature peu promptes à la mobilisation collective, à défendre vocalement leurs droits, à « hausser le ton » et à faire valoir leur expertise, une « nature conciliante » et un manque de confiance en soi, mais aussi de soutien de la part de la profession chirurgicale, qui apparaissent aux yeux de certaines d’autant plus criants lorsque comparés à la situation de leurs confrères infirmiers anesthésistes, sortis de surcroît de la crise sanitaire particulièrement valorisés. Cette communication aura vocation à questionner cette fragile identité professionnelle à l’aune des ambivalences entre division morale du travail (« sale boulot ») et évaluation interne et cognitive de l’activité (« vrai boulot »). Nous nous appuierons sur un terrain d’étude français, au sein de deux blocs opératoires de CHU franciliens (hépatobiliaire adulte et viscéral pédiatrique), dans le cadre d’une thèse de doctorat en sociologie explorant les transformations de l’activité opératoire. Nous montrerons que sécurité et technicité constituent les deux piliers de la profession et sont vecteurs, dans le quotidien de la salle d’intervention chirurgicale, d’une autorité morale autant que d’une sphère d’intervention propre pour les Ibode. Si, comme les autres spécialisations infirmières, la profession revendique son autonomie, elle reste marquée par une domination genrée historique du chirurgien, dont la figure tutélaire reste une forme d’horizon indépassable pour les infirmières, prises en étau entre une relation de service rapidement asservissante et un inévitable travail émotionnel. Le travail d’articulation et de traduction intrinsèque à la position Ibode, consécration de l’indispensabilité et possible vecteur de son émancipation, reste toutefois frappé d’une caractérisation de « sale boulot ». Ce faisant, au sein d’une profession infirmière à la professionnalisation inachevée, ces ambivalences illustrent la difficile construction d’une technicité non-médicale chez les Ibode.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04075933 , version 1 (20-04-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04075933 , version 1

Citer

Nicolas El Haïk-Wagner. Être ou ne pas être les « petites mains » du chirurgien. Ambivalences et construction identitaire d’une technicité non-médicale chez les infirmières de bloc opératoire. Par-dessus les épaules des stagiaires, Université Catholique de Louvain, Feb 2023, Louvain -la-Neuve, Belgique. ⟨hal-04075933⟩
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