Faire de la recherche qualitative en contexte postcolonial : identité, légitimité, réflexivité. Une expérience "océanienne"
Résumé
C’est ma fonction d’enseignante-chercheure et formatrice en Nouvelle-Calédonie qui m’a conduite d’abord à chercher à décrire le contexte sociolinguistique calédonien, favorisant l’émergence d’une compréhension de la situation postcoloniale où le multilinguisme perdrait son exceptionnalité et le monolinguisme sa normalité, de façon à construire pas à pas une didactique du français contextualisée, puis une didactique inclusive des langues « locales », une didactique du plurilinguisme.
Le rapport au terrain et la compréhension du contexte se construisent dans l’intention du projet, dans la motivation du projet (motif au sens de mise en mouvement).
C’est bien le « terrain calédonien » ou « océanien » (Fillol & Le Meur, 2014) qui m’a conduite à des conversions thématiques, théoriques mais aussi méthodologiques et éthiques importantes et à une réflexivité sur ma posture de chercheure.
Je souhaite dans cette communication revenir sur mon expérience professionnelle placée sous le signe de l’interdisciplinarité, de la complexité, complexité des enjeux politiques, des idéologies linguistiques et scolaires en présence et souligner la construction narrative de ce parcours de recherche en quête de légitimité, car « prendre la parole » en Océanie, c’est avant tout dire d’où on parle, qui on est.
La présentation de ce contexte et de cette expérience permettront de mieux comprendre mes choix méthodologiques (attitude compréhensive, recours à la méthode ethnographique, aux approches et outils réflexifs et médiations artistiques dans la formation des enseignants et des étudiants du département de Lettres Langues et Sciences-Humaines, en particulier les autobiographies langagières, Fillol, 2016) dans leurs enchâssements épistémologiques, ma volonté de soutenir une recherche qualitative émancipée du paradigme de l’évaluation, et la nécessité de raconter autrement son expérience de chercheur-e.