The textual dimension of rhythm: a study in Verlaine’s work
La dimension textuelle du rythme : étude chez Verlaine
Résumé
Whether we consider style as a set of traits shared by a historical community or whether we are aiming for an author's singularity, the fact remains that stylistics borrows tools and methods from other disciplines (linguistics, semiotics, rhetoric, metrics ...). In this, it is undeniable that the development of work in metrics since the 1980s has contributed to providing stylistics with reliable, reasoned and reproducible analyses. This study is in line with these works which are, of course, upstream of stylistic studies, but which can enrich their approach to the poetic text. We now have many works relating to the metric organization of poems and to the study of lines which appeared massively around 1860, which deviate from the tradition, having at the caesura prosodic elements or morphosyntactic (de Cornulier, 1982; 1995; 2009; Gouvard, 2000) which, to varying degrees, may have hindered the perception of the regular rhythm of these lines by readers of Verlaine and his contemporaries. These studies were carried out by locating and extracting these same lines, without regard to their distribution in the poem. The perspective adopted here is to observe the distribution of such lines in the poem. The analyzed corpus includes all the lines of 12 vowels by Verlaine from the "Poèmes Saturniens" to "Bonheur". We observe that the distribution of non-classical caesura is not random; on the contrary, it is subject to metrically relevant distributional regularities at the scale of the poem which have made it possible to identify two constraints, one bearing on the incipit, the other on the succession of such lines.
Qu'on envisage le style comme un ensemble de traits partagés par une collectivité historique ou qu'on vise une singularité d'auteur, il reste que la stylistique emprunte les outils et les méthodes d'autres disciplines (linguistique, sémiotique, rhétorique, métrique...). En ceci, il est indéniable que le développement des travaux en métrique depuis les années 1980 a contribué à fournir à la stylistique des analyses fiables, argumentées et reproductibles. Cette étude s'inscrit dans la lignée de ces travaux qui se situent, certes, en amont des études stylistiques, mais qui peuvent enrichir leur approche du texte poétique. On dispose aujourd'hui de nombreux travaux relatifs à l'organisation métrique des poèmes et à l'étude des vers apparus massivement aux alentours de 1860, qui s'écartent de la tradition en ce qu'ils présentent à la césure des éléments prosodiques ou morphosyntaxiques(de Cornulier, 1982 ; 1995 ; 2009 ; Gouvard, 2000) qui, à des degrés divers, ont pu entraver, chez les lecteurs de Verlaine et de ses contemporains, la perception du rythme régulier de ces vers. Ces études se sont effectuées par repérage et extraction de ces mêmes vers, sans égard à leur distribution dans le poème. La perspective adoptée ici consiste à observer la distribution de tels vers dans le poème. Le corpus analysé comprend tous les vers de 12 voyelles de Verlaine des "Poèmes Saturniens" à "Bonheur". On observe que la distribution des vers non classique à la césure n'est pas aléatoire ; au contraire, elle est soumise à des régularités distributionnelles métriquement pertinentes à l'échelle du poème qui ont permis de dégager deux contraintes, l'une portant sur l'incipit, l'autre sur la successivité de tels vers.