La recherche que je mène en philosophie de terrain porte sur les effets des processus de globalisation et les mouvements qui s'y affrontent. La philosophie de terrain, telle que je la pratique, a pour ambition de les aborder à travers le prisme de la philosophie politique, dans la mesure où celle-ci, dans une perspective critique, crée des passerelles, des collaborations et des interactions avec les sciences sociales, autant qu'avec l'histoire et la question esthétique. Si la question du travail n'est pas initialement au coeur de ma recherche, elle y est de plus en plus présente, par la nature même de mes objets de terrain et de réflexion. La question des migrations y est en tout cas centrale, et m'apparaît de plus en plus comme un prisme à partir duquel penser le terrain philosophique, dans ses enjeux sociaux et politiques. Et je l'aborde en particulier par le biais de l'entretien, nécessitant ce que j'appelle une « politique de l'entretien » : la conscience de la position du chercheur par rapport à ceux qu'il interroge, et qui ne sont à mes yeux ni les objets d'une enquête scientifiques, ni les cibles d'une inquisition administrative, mais les sujets d'une histoire politique dont ils se revendiquent acteurs. Or être acteur d'une histoire, c'est y assumer, d'une manière ou d'une autre, une forme de travail. Que représente cette part de travail, pour ceux qui, comme migrants, n'ont pas droit au travail, ou pour ceux qui, comme bénévoles, n'en sont pas rémunérés ?