Three greek islands : an archipelago of violence and solidarity. Lesbos, Makronissos, Ikaria
Trois îles grecques : un archipel des violences et solidarités
Résumé
This proposal is based on a work combining field philosophy and critical documentary photography, developed over three years in Greece, and which led to the publication in 2020 of the book An Archipelago of Solidarities: Greece, 2017-2020. Part of this work was done in three islands: Makronissos, Lesbos and Ikaria. The Greek islands, following the erection of Schengen Europe as a fortress against migrants, have become for a part of them, in this early twenty-first century, a space of encampment, implementing policies of hostility in a spirit of "deterrence" and segregation towards exiles from the territories of former European colonies. But at the same time, many inhabitants of these islands have made the opposite choice of welcome, in a desire to create common ground. Thus, the respect of rights and international conventions has become the characteristic not of state and inter-state governmentalities, but rather of their opponents, taking charge of the necessities of socialization against their own leaders. In the insular territories, such an authentically citizen attitude appeared to us as anchored in a history of these territories, impregnated, in particular in all the course of the XXth century, of a double memory: that of the violence of the various moments of the fascism in Greece, and that of the struggles for the emancipation and the claim of social and solidary policies. It is the interviews that made us discover the permanence of this double tradition, building the collective history by subjectivizing its actors. These three islands are thus emblematic of the tension, in a Greece-archipelago, between two meanings of politics: that which implements solidarity and that which produces repression and discrimination.
Cette proposition part d'un travail associant philosophie de terrain et photographie documentaire critique, élaboré pendant trois ans en Grèce, et ayant donné lieu en 2020 à la publication de l'ouvrage Un Archipel des solidarités : Grèce, 2017-2020. Une partie de ce travail s'est fait dans trois îles : Makronissos, Lesbos et Ikaria. Les îles grecques, à la suite de l'érection de l'Europe de Schengen en forteresse contre les migrants, sont devenues pour une part d'entre elles, en ce début de XXIe siècle, un espace d'encampement, mettant en oeuvre des politiques d'hostilité dans un esprit de « dissuasion » et de ségrégation à l'égard des exilés issus des territoires d'anciennes colonies européennes. Mais, dans le même temps, nombre d'habitants de ces îles ont fait le choix inverse de l'accueil, dans une volonté de créer du commun. Ainsi le respect des droits et des conventions internationales est-il devenu la caractéristique non plus des gouvernementalités étatiques et interétatiques, mais bien plutôt de leurs opposants, prenant en charge les nécessités de la socialisation à l'encontre de leurs propres dirigeants. Sur les territoires insulaires, une telle attitude authentiquement citoyenne nous est apparue comme ancrée dans un historique de ces territoires, imprégnés, en particulier dans tout le cours du XXe siècle, d'une double mémoire : celle de la violence des différents moments du fascisme en Grèce, et celle des luttes pour l'émancipation et la revendication de politiques sociales et solidaires. Ce sont les entretiens qui nous ont fait découvrir la permanence de cette double tradition, construisant l'histoire collective en subjectivant ses acteurs. Ces trois îles sont donc emblématiques de la tension, dans une Grèce-archipel, entre deux sens du politique : celui qui met en oeuvre les solidarités et celui qui produit répressions et discriminations.
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