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Article Dans Une Revue Entreprises et Histoire Année : 2020

The Crédit lyonnais: 25 years of financial scandal in France (1994-2020)

Le Crédit lyonnais, un quart de siècle de scandale financier en France (1994-2019)

Résumé

The Crédit lyonnais: 25 years of financial scandal in France (1994-2020) Since 1994, when the scandal first broke out, the enigma of the French bank Crédit lyonnais continues to dog French political and financial life. What is arguably the largest scandal in French financial history, however, has not generated the level of outrage that might be expected and critics have not been able to identify those responsible. This article aims to understand this paradox using the tools and concepts of pragmatic sociology and focusing attention on the norms and motives for indignation. These norms and motives are shared within a social or national group and are the basis for public condemnation. This perspective positions the Crédit lyonnais scandal in a longer timeframe. The first period lasts until the mid-1980 s when criticism of «money» or “finance” is commonplace in France. During the second period which ends in the early 2000 s, banks and the financial sector become a central focus of social criticism. The Crédit lyonnais scandal occurred between these two periods in a specific political context when there was little political advantage to be gained from criticizing banking and finance. The Crédit lyonnais scandal also occurred in a context of deregulation not unlike that of the period before the 2008 financial crisis as it involved a bold attempt to create an international universal bank and prudential rules were being circumvented. There are also similarities in how the crisis was resolved. The argument was made that the bank was “too big to fail” and it was recapitalized with public funds with the healthy parts separated from the others that were put into a “bad bank”. At the time in the 1990s, critics simply called for limits to state intervention and insisted on the virtues of the market. Entirely different moral judgements emerged in the early 2000 s. as a growing number of international movements sought to raise awareness of the potential for capitalism to cause harm. The consequences of the subprime crisis focused attention particularly on the negative social impact of the phenomenon identified as “financialization”.
Le scandale du Crédit lyonnais qui nourrit régulièrement l’actualité politique et financière française depuis son éclatement en 1994 se présente comme une énigme. D’un côté, il est dénoncé comme un scandale majeur sans équivalent dans l’histoire financière ; de l’autre, il ne suscite que de faibles mobilisations et ses dénonciateurs peinent à en identifier les responsabilités. L’article propose de comprendre ce paradoxe en abordant l’événement du point de vue de la sociologie pragmatique attentive aux normes et aux motifs d’indignation partagés au sein d’un groupe social ou national et sur lesquels s’appuient les dénonciations publiques. Cette perspective permet d’éclairer le scandale en l’inscrivant dans une séquence longue où il intervient entre une période initiale (jusqu’au milieu des années 1980), où une dénonciation de « l’argent » garantit généralement en France une écoute favorable dans différents secteurs de la société, et une période postérieure (à partir du début des années 2000), où les banques et le secteur financier se retrouvent au cœur de la critique sociale. Entre les deux, au moment où intervient le scandale Crédit lyonnais, la critique de la banque et de la finance n’offre que des ressources politiques limitées dans une conjoncture politique spécifique. Alors même que les événements et le contexte de dérégulation dans lesquels sont nées les actions à l’origine du scandale du Crédit lyonnais présentent une forte ressemblance tant avec ceux précédant la crise de 2008 (contournement des règles prudentielles, tentative incontrôlée de constitution d’une banque universelle, dimension transnationale) que dans les tentatives de solution à la crise (argument du « Too Big To Fail », recapitalisations par l’État, séparation d’une banque saine d’une « bad bank »), les dénonciations formulées dans les années 1990 s’en tiennent à un appel aux vertus du marché contre l’interventionnisme étatique. Ce paysage normatif se trouve bouleversé au début des années 2000 sous l’effet des mobilisations transnationales ciblant les méfaits d’un capitalisme désormais désigné comme « financier », et s’en prenant plus généralement aux effets sociaux de la financiarisation, tout particulièrement après la crise des subprimes.
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hal-04050157 , version 1 (29-03-2023)

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Citer

Damien de Blic. Le Crédit lyonnais, un quart de siècle de scandale financier en France (1994-2019). Entreprises et Histoire, 2020, 101, pp.64-74. ⟨10.3917/eh.101.0064⟩. ⟨hal-04050157⟩
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