L’éveil de l’hellénisme est une caractéristique majeure du règne de François Ier qui s’appuie notamment sur les racines troyennes de la France et sur l’affinité de la langue grecque avec la langue française pour revendiquer un lien direct et prestigieux entre la Gaule et la Grèce. Guillaume Budé est un des principaux défenseurs d’un projet culturel et politique national fondé sur les « bonnes lettres » et notamment sur les lettres grecques. Or sa défense des Belles-lettres s’opère par une poétique singulière dont une caractéristique est l’allégorie. Fort de sa connaissance intime de la langue et de la littérature grecques, mais aussi de la tradition exégétique, Budé convoque les héroïnes antiques, et en particulier les héroïnes homériques, au sein de constructions allégoriques variées qui répondent à des objectifs distincts : encourager la fondation d’un collège de lecteurs royaux dans le De Philologia (1532), analyser les rapports entre culture classique et tradition chrétienne dans le De transitu (1535). Loin d’essentialiser les figures féminines, Budé exploite avec virtuosité la plasticité du mythe pour démontrer la valeur argumentative de la philologie et l’utilité morale et politique de la « philosophie homérique ».