Philippe Jaccotet (1925-2021) : poétique de l'incertitude
Résumé
Cette étude traite de la poésie de Philippe Jaccottet, voix majeure des soixante-dix dernières années, entré dans la Bibliothèque de La Pléiade en 2014, mort le 24 février 2021. Sa poésie a souvent été lue à l’aune des signes qu’il voit et cherche à traduire et de l’effacement que cette entreprise demande. Nous souhaitons introduire à son œuvre par le biais de « l’incertitude » qui l’accompagne et la meut. Jaccottet, agnostique et rien moins que philosophe, affirme en 1972 : « À la source, une incertitude … ». Il restera fidèle sa vie durant à cette profession de foi paradoxale qui révoque toute formule métaphysique, toute doctrine philosophique ou religieuse. Les années 1966-1977 retiendront particulièrement notre attention, décennie où le deuil frappe durement le poète et aggrave une crise, intime et poétique, que scandent trois recueils : Leçons, Chants d’en bas et À la lumière d’hiver. Il s’agira de mettre en lumière la fécondité poétique et la pertinence morale du doute jaccottéen : l’incertitude soutient son écriture au risque parfois de la ruiner, lui conférant une manière hésitante, paradoxalement forte de son vacillement. Avec « pour toute force un langage peu certain », le poète fait le « pari » d’une lumière improbable, bien qu’indubitable à certaines heures : le presque espoir qu’elle suscite reste une hypothèse.
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