De l’ὑπόκρισις au أخذ بالوجوه . L’interprétation de l’action oratoire par Averroès dans le Commentaire moyen à la Rhétorique d’Aristote
Résumé
De l'ὑπόκρισις (hypokrisis) au ﺑﺎﻟﻮﺟﻮﻩه ﺃأﺧﺬ (aḫḏ bi-al-wuğūh). L'interprétation de l'action oratoire par Averroès dans le Commentaire moyen à la Rhétorique d'Aristote*. Résumé : La notion d'ὑπόκρισις (hypokrisis) aurait été employée pour la première fois avec le sens d'« action oratoire » dans la Rhétorique d'Aristote, où elle fait l'objet d'une analyse (courte et) très critique de la part du Stagirite. Faisant référence à une pratique directement empruntée au théâtre et résistant, semble-t-il, à toute technicisation qui lui accorderait une place légitime parmi les autres moyens de persuasion de la rhétorique, l'ὑπόκρισις (hypokrisis) est néanmoins-reconnaît Aristote, avec un dépit non dissimulé-d'une efficacité redoutable. Devant l'ambivalence du Stagirite, ainsi déchiré entre une conception puriste et idéaliste de la rhétorique d'une part, et la réalité des discours de son temps qui l'oblige à reconnaître une pratique qu'il n'approuve pas d'autre part, quelle a été l'attitude d'Averroès dans le Commentaire moyen à la Rhétorique ? Dépendant de la traduction arabe de la Rhétorique, qui-à une exception près-traduit le terme d'ὑπόκρισις (hypokrisis) par l'expression ﺑﺎﻟﻮﺟﻮﻩه ﺃأﺧﺬ (aḫḏ bi-al-wuğūh)-la « saisie des visages »-, Averroès at -il suivi Aristote dans ses hésitations et ses réticences, ou at -il au contraire choisi de légitimer l'usage de l'ὑπόκρισις dans la technique rhétorique ? L'analyse de l'interprétation rushdienne de la « saisie des visages » permettra de mieux appréhender la méthode exégétique du Cordouan et de saisir ce que signifie, pour lui, être fidèle au Premier Maître.
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