La véhémence, entre force éloquente et violence pamphlétaire
Résumé
La véhémence désigne dans la tradition rhétorique, dès l'origine grecque de la notion (deinotès : \guillemotleft habileté, et force extraordinaire \guillemotright ) des réalités différentes selon que l'on a affaire à la force de l'éloquence tout court, ou bien à l'un des registres, âpre et agonistique, du grand style. Cette ambivalence se retrouve à la Renaissance, sous l'effet de la redécouverte de la rhétorique grecque, et dans le contexte des conflits politico-religieux, aussi bien à propos de Calvin que sous la plume de Montaigne, chez lesquels le terme désigne simplement quelque chose comme le sublime, alors qu'il sert à la même époque à qualifier par ailleurs les discours violents qui accompagnent les guerres civiles. En attendant la véhémence des \guillemotleft pamphlétaires \guillemotright modernes, cette ambivalence est une des manifestations de l'empire littéraire du paradigme rhétorique et de ses catégories.