« Du bon usage de Max Weber : retour sur l’expression de 'monopole de la violence physique légitime'. »
Résumé
L’ouvrage de Max Weber réunissant les deux conférences sur la vocation d’homme politique d’une part, et celle de savant d’autre part, publié en 1919, constitue l’une des œuvres les plus célèbres du penseur allemand et un classique de la théorie politique. On y trouve en effet la définition de l’État comme groupement revendiquant pour son compte le « monopole de la violence physique légitime ». Cette définition, mettant en exergue un moyen spécifique d’action, apparaît également dans le premier tome d’Économie et société (1921), au moment où Weber expose les « concepts fondamentaux de la sociologie ». Elle a acquis une notoriété particulière au point d’être présentée comme une évidence, notamment lors d’usages politiques. Or, la reprise de cette expression dans le débat public, à l’occasion notamment de la crise des Gilets jaunes, a dévoilé la confusion qu’elle rend possible entre une signification descriptive et une signification normative. Pour Weber, il ne fait pas de doute qu’une telle définition est de l’ordre du fait, sans que cela implique qu’il soit par ailleurs impossible d’en rendre raison et donc de lui conférer un statut normatif. Il paraît donc nécessaire de revenir sur la portée de cette définition, pour interroger en définitive ses limites et son utilité réelle, au regard de la question de la violence étatique telle qu’elle se pose désormais.