Cette communication contribue à l’analyse des transformations de la démocratie représentative avec le numérique en analysant le rôle des acteurs de la civic tech comme nouveaux et nouvelles intermédiaires politiques. En se concentrant sur les structures marchandes du milieu et en mobilisant une prosopographie des entrepreneur·ses du milieu, l’analyse montre que pour faire reconnaître et à rendre légitime leur activité, ces acteurs et actrices se constituent en « entrepreneurs de morale » dont l’objectif serait de renouveler, ou « hacker », la démocratie. La construction d’un problème public mettant en question l’état actuel de la démocratie, et en particulier le rôle des intermédiaires politiques traditionnels, s’adosse à une proposition de transformation de l’exercice de la citoyenneté mais aussi des organisations publiques elles-mêmes. Enfin, les entrepreneur·ses de la civic tech s’attribuent un rôle spécifique pour rendre possible cette transformation, revendiquant des compétences, savoir-faire et savoir-être spécifiques qui en feraient les nouveaux intermédiaires idéaux et idéales pour « moderniser » la participation citoyenne et l’action publique. Cette communication s’appuie sur une première année d’observation sur le terrain ainsi que sur une prosopographie des fondateur·trices et professionnel·les des entreprises commercialisant des outils de civic tech, ainsi que sur une analyse de discours fondée sur un corpus de 200 articles de presse généraliste et spécialisée et de blogs. L’analyse mobilise enfin des éléments issus de pages web personnelles et organisationnelles, matériaux de communication disponibles en ligne ou distribués au cours d’événements professionnels, ainsi que des prises de parole en public des principaux acteurs et actrices du marché de la civic tech.