La Fille savante de Fatouville
Résumé
C'est dans le tome III du "Théâtre italien" de Gherardi, dans l'édition parue en 1700 à Paris chez Cusson et Witte, que figure "La Fille savante" de Fatouville. Des trois actes de la version originale, seules sept scènes françaises ont été conservées. Représentée le 18 novembre 1690, la comédie de Fatouville garde la mémoire des combats de l’été 1690, au moment où la France est engagée dans la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), avec la "Scène de l’enrôlement" et la "Scène du Tambour", où la jeune Isabelle, en capitaine, se déclare prise de passion pour les armes. "La Fille savante" repose sur l’alliance d’une satire de la guerre et d’une intrigue amoureuse (liée essentiellement au projet de donner à Angélique, la sœur aînée d'Isabelle, le goût du mariage). L’influence de Molière ("Les Femmes savantes") est indéniable dans le traitement du personnage de la Précieuse Angélique : celle-ci est passionnément éprise de lectures et refuse catégoriquement le mariage. Elle est également perceptible dans la dernière scène française (« Scène du Professeur d’amour ») qui fait écho à l’auscultation d’Argan, dans "Le Malade imaginaire" (III, 10), par la servante Toinette, déguisée en médecin : c'est ici Arlequin qui va réussir à faire d'une Précieuse une parfaite coquette. Enfin, sans se cantonner à des traits de satire conventionnels, Fatouville s'intéresse à l'envers du refus du mariage : de quoi faudrait-il guérir les filles du bourgeois Tortillon ? De leur désir d'investir d'autres espaces que la sphère domestique. "La Fille savante" s'inscrit alors dans les débats sur la condition féminine à la fin du XVIIe siècle.