Dans la mesure où l’agentivité caractérise la capacité à agir selon des buts intentionnels elle est généralement attribuée et réservée aux êtres humains (Davidson, 1982; Frankfurt, 1978). Pourtant, associer l’agentivité aux états mentaux n’est pas la seule manière d’aborder l’action finalisée. En effet, de nouvelles conceptions de l’agentivité émergent et tentent soit de naturaliser l’agentivité pour que le concept soit applicable à une classe plus large d’individus (Arnellos and Moreno, 2015; Barandiaran et al., 2009; Moreno and Mossio, 2015), soit d’intégrer cette capacité à la biologie évolutive en tant que postulat (Walsh, 2015). Ces deux approches, respectivement nommées « perspective autonome » et « perspective évolutionniste » empruntent des voies différentes : la première tente de naturaliser l’agentivité grâce au concept d’organisation biologique, tandis que la seconde présuppose que tous les organismes sont des agents, et questionne sa relation avec son milieu pour intégrer l’agent dans une réflexion évolutive. Notre rôle consiste à étudier la possibilité d’un lien entre ces deux perspectives sous le prisme d’une simple question : comment les organismes sont-ils devenus capables d’exercer des fonctions qui ne relèvent pas simplement de l’auto-détermination ? Notre objectif lors de cette présentation sera d’expliquer les difficultés d’une telle entreprise.