L’exploitation de sables et de graviers en constante croissance depuis une vingtaine d’années est devenue primordiale pour le domaine du bâtiment mais également pour la protection des côtes. Les problématiques autour de cette ressource proviennent essentiellement d’une demande toujours plus importante qui devrait doubler d’ici 2060 (passant de 24 à 55 Gt/an). A l’échelle européenne, la France arrive en 4ème position en termes de production annuelle de granulats marins (2-2,6 Mm3/an), derrière les Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Danemark. Malgré le peu d’études disponibles à ce jour sur l’effet de ces exploitations sur l’environnement, ces sites apparaissent comme étant sujets à l’altération du substrat, la création de panaches turbides ainsi qu’à la modification de la bathymétrie pouvant entraîner des changements des conditions hydrodynamiques localement (pouvant potentiellement impacter les littoraux alentours). L’évaluation des impacts produits par ces concessions minières est primordiale afin de définir au mieux les seuils à ne pas franchir lors des extractions et permettre ainsi le retour rapide à un équilibre bio-morpho-sédimentaire. L’objectif de ces travaux s’inscrit dans le projet RESISTE (REsilience d’un SIte Soumis à Travaux d’Extraction de granulats marins) porté par l’Ifremer. Il vise à évaluer la capacité de résilience d’un ancien site perturbé par des travaux d’extraction en mer. L’ancienne concession du Pilier (estuaire de la Loire), soumise à une pression d’extraction relativement forte, a été choisi pour cette étude. Un suivi haute fréquence, grâce à des campagnes en mer biannuelles, automne et printemps, fournit des données acoustiques, sédimentologiques et biologiques depuis l’automne 2020. Les résultats préliminaires montrent une évolution de la bathymétrie due au remplissage des fosses et au lissage des pentes abruptes résultantes des travaux d’extraction. Les carottes sédimentaires prélevées mettent en évidence un remplissage de vase depuis environ 5 ans, ce qui correspond à la fin de l’exploitation. L’analyse chimique des argiles présentent sur le site permet d’en déterminer la provenance (estuaire de la Loire, argile verte à l’affleurement, site de clapage). L’effet d’une tempête a également pu être mis en évidence sur le site du Pilier à la suite de la campagne de novembre 2021 qui a eu lieu après la tempête Aurore.