À travers l’étude d’un espace-temps spécifique généralement occulté, les colloques scientifiques, cet article propose d’explorer la sexualité présente au cœur du travail de recherche, et de la penser comme facteur d’inégalité professionnelle. Il s’appuie, pour ce faire, sur un corpus regroupant 24 entretiens semi-directifs menés auprès de professionnel·le·s de la recherche, pour la plupart des agent·e·s du CNRS issu·e·s de sciences fondamentales. Brouillant les frontières entre sphères publique et privée, les colloques se donnent à voir en instances de socialisation professionnelle informelle, où pratique festive, sexe et science se confondent. Tandis que les hommes perçoivent les colloques comme des opportunités d’allier activités professionnelles et expériences sexuelles, les femmes, exposées aux violences sexuelles, les vivent davantage comme des espaces de danger pour leur intégrité et leur carrière.