Cette communication porte sur l’appropriation locale des enjeux de transition énergétique (Nadai et alii, 2015). Elle questionne comment cette dynamique interpelle le sens, les formes et les contenus des projets collectifs de développement local. Dans un contexte de montée en puissance normative des injonctions environnementales, notamment au sein de l’Union Européenne, ces dynamiques sont porteuses d’innovations sociales, méthodologiques et organisationnelles (Esparcia, 2014). Il s’agit pour nous de regarder plus précisément comment elles interrogent la construction du projet local (Magnaghi, 2009). L’hypothèse que je formule est qu’en s’appuyant sur la notion de « transition énergétique », ces initiatives peuvent concrétiser une trajectoire d’émancipation, c'est-à-dire permettant aux populations locales de s’affranchir de mécanismes hétéronomes (prise de décision et pilotage des projets depuis l’extérieur), qui s’appuie sur la construction d’une citoyenneté environnementale (Dobson, 2007). Cette dynamique renforce la dimension endogène du développement (Bühler et alii, 2015) et constitue une forme de réponse à des mécanismes de domination entre la ville et la campagne (Kelly-Reif K. & Wing S., 2016). Je discuterai cette hypothèse à partir d’une série de travaux d’enquête et d’analyse menés sur des démarches locales engagées dans la « transition énergétique » en France. Présenter ce travail à l’occasion de nos journées revêt un double objectif. D’une part il s’agira de discuter les résultats factuels quant aux outils et trajectoires rencontrées, notamment dans une perspective de regards croisés avec les processus en cours en Espagne. D’autre part il s’agira également d’inviter à un débat sur la grille des attributs de ce processus d’émancipation par la construction d’une citoyenneté environnementale et à la manière dont il fait émerger des formes inédites de « territoires de la transition ».