Chaque année, des jeunes arrivent en France et poursuivent leur scolarité en classe ordinaire, avec, en parallèle, un enseignement complémentaire dans une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A). Ils y suivent alors des cours intensifs d’enseignement du français et, souvent, d’enseignements disciplinaires en français. Dans ces classes, les interactions constituent un défi non seulement pour ces jeunes qui poursuivent leurs apprentissages de la langue seconde et en langue seconde, mais également pour leurs enseignants qui, dans la plupart des cas, ne connaissent pas la langue première de leurs élèves. Des recherches ont porté sur l’impact des difficultés langagières, notamment en ce qui concerne l’usage spécifique de la langue en classe de mathématiques (pour une recension voir Millon-Fauré 2020). Pour tous, l’appropriation des compétences en français devient vite un impératif, qui prend du temps. Une récente étude a fait apparaitre qu’au terme d’une année en UPE2A, malgré des cours spécifiques, des élèves méconnaissent encore les termes les plus usités des discours en mathématiques (Mendonça Dias 2020, Millon-Fauré 2020). Qui plus est, force est de constater que la production et les interactions orales sont très limitées en classe, entravant des mécanismes cognitifs pour s’approprier des compétences en langues (Mendonça Dias 2021). Ces constats nous amènent à questionner les modalités d’interactions verbales dans l’activité mathématique : dans quelle mesure des stratégies mises en œuvre par l’enseignant pour impulser la prise de parole favorisent-elles l’apprentissage et la mémorisation des discours mathématiques ? Nous avons proposé à une professeure des écoles de réaliser une séquence de mathématiques, comprenant des tâches langagières, avec cinq élèves d’UPE2A primaire. Nous cherchons à observer si les modalités de travail favorisent la prise de parole et in fine, si les élèves parviennent à apprendre et réinvestir le lexique fixé dans les objectifs d’enseignement, qui porte sur le vocabulaire du calcul arithmétique (sur l’addition, la soustraction et la multiplication). Cette séquence, filmée et transcrite, comporte quatre séances, elle est analysée à partir d’une grille qui permet d’identifier comment le lexique visé est introduit en classe, et activé dans les interactions verbales avec l’enseignante ou entre pairs, tout en observant les médiations qui favorisent cet investissement dans la parole. À l’issue de cette étude, nous revenons sur les acquis lexicaux de ces élèves au regard des analyses menées. Ce travail est mené de façon conjointe entre didacticienne des langues et didacticiens des mathématiques.