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Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Virus des ailes déformées : Les deux génotypes (A et B) correspondent-ils à des différences de virulence ?

Résumé

L'association du virus des ailes déformées (Deformed wing virus : DWV) avec l'acarien Varroa destructor est la principale cause de mortalités hivernales des colonies d'abeilles mellifères (Apis mellifera). Avant l'arrivée du varroa, le DWV n'avait pas ou peu d'impact sur la santé des colonies. L’introduction de l’acarien dans les années 1980 s’est accompagnée d’une augmentation de la prévalence des signes de l’infection virale (abeilles aux ailes déformés, à l’abdomen raccourci et à la durée de vie réduite) et des mortalités de colonies. Cette forme clinique de la maladie est corrélée à une forte augmentation de la charge virale, elle-même corrélée à l’accroissement du taux de varroas dans la colonie. L’acarien agit comme un vecteur du virus en l’inoculant directement chez la larve d’abeille. Cette nouvelle voie de transmission horizontale est beaucoup plus efficace que la voie féco-orale qui prévalait sans le varroa. Plus récemment (dans les années 2010), une nouvelle souche de DWV a émergé. Elle se distingue de la souche historique par des différences génétiques qui les séparent en deux génotypes présentant 84% de similarités nucléotidiques : DWV-A et DWV-B. Plus récemment un troisième génotype (DWV-C) a été identifié en Angleterre (79% identité nucléotidique) puis dans différents pays dont la France où des traces de son génome ont été détectées chez le frelon asiatique (Vespa velutina), prédateur de l’abeille. Néanmoins, la prévalence de ce dernier reste trop faible pour mesurer son impact sur la santé des colonies d’abeilles mellifères. Les études comparant la virulence des deux génotypes principaux (DWV-A et DWV-B) sont de plus en plus nombreuses, d’une part pour comprendre le mécanisme qui a conduit le DWV-B à supplanter le DWV-A et d’autre part pour évaluer si cette nouvelle souche conduit à un risque accru pour les colonies d’abeilles. Bien que le DWV-B ait été découvert chez l’acarien dont il tient son nom originel (Varroa destructor virus-1) et qu’il soit présent dans ses glandes salivaires, la capacité de réplication du virus chez sont vecteur faisait l’objet d’une controverse scientifique. Les ARN négatifs d’origine viraux (copies inversées du génome des DWV) détectés chez varroa pouvait non pas être des marqueurs de réplication viral chez l’acarien mais provenir de cellules d’abeilles ingérées lors du parasitisme. Toutefois, de très récents travaux réalisés en nourrissant artificiellement des acariens montrent que les ARN négatifs de DWV sont bien produits chez varroa et donc que le virus s’y multiplie. Cette caractéristique de virulence pourrait être spécifique du DWV-B, à laquelle s’ajoute celle de se répliquer plus abondamment chez l’abeille que le DWV-A. Ceci expliquerait l’augmentation progressive de la prévalence du DWV-B. Toutefois, la dichotomie entre les deux génotypes A et B n’est pas aussi évidente dans la nature. A l’occasion de co-infections (ou de sur infections) par les deux virus, la réplication virale conduit à des recombinaisons génétiques. La diversité des DWV recombinants initialement importante s’amenuise au cours des transmissions successives des virus à l’abeille par injection dans l’hémolymphe en sélectionnant les virus les mieux adaptés à l’abeille et au parasite. Cette synthèse montrera la complexité des études conduites. Elle tentera de faire la part de ce qui est admis de façon consensuel, des incertitudes qui persistent dans l’existence ou non d’une différence de virulence et pour expliquer l'émergence de certaines souches. Néanmoins, ces avancées scientifiques ne remettent pas en question l’impact dramatique du couple varroa/DWV et soutiennent la nécessité pour la survie des colonies de maintenir des taux d’infestation par l’acarien les plus faibles possibles.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03978345 , version 1 (08-02-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03978345 , version 1

Citer

Eric Dubois, Anne Dalmon. Virus des ailes déformées : Les deux génotypes (A et B) correspondent-ils à des différences de virulence ?. Journée vétérinaires apicoles, ONIRIS, Nantes, France, Oct 2022, Nantes (44000), France. ⟨hal-03978345⟩
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