Les bouleversements socio-écologiques auxquels les sociétés humaines font face aujourd’hui, que certains nomment « anthropocène », amènent à re-questionner en profondeur le partage opéré entre formes de vies humaines et non-humaines, sur lequel s’est bâti tout un rapport au monde. On abordera ces questionnements par l’angle des sensibilités à nos milieux de vie : comment nos sensibilités sont-elles affectées et se transforment à l’aune de ces bouleversements socio-écologiques ? Que peuvent-elles nous apprendre sur nos relations à nos milieux de vie ? Cette communication discutera plus particulièrement de l’apport d’une approche par l’écoute : en quoi l’écoute de nos environnements est-elle susceptible de rendre intelligible les processus de transformations réciproques de nos milieux de vie et de nos sensibilités ? Quelles formes, postures et pratiques de l’écoute peuvent être mobilisées à cette fin ? À travers ces questionnements, je fais l’hypothèse que, d’une part, l’écoute possède un potentiel heuristique qui permet de conscientiser par le sensible des relations d’interdépendance au sein du monde vivant ; d’autre part, qu’elle permet de s’ouvrir à d’autres modes de connaissances, moins structurées par des besoins de rationalité et d’objectivité. Cette communication s’appuiera sur un travail de terrain en cours dans le sud de la métropole grenobloise. Il s’agit ici de mettre à l’épreuve ces questionnements liés aux sensibilités environnementales, sur un terrain de marge métropolitaine caractérisé par des appropriations très hétérogènes de l’espace : zones industrielles classées Seveso Haut, habitations, espaces naturels protégés, zones agricoles. Par le sensible, on tentera d’esquisser d’autres façons de caractériser ce territoire, de le raconter et de porter attention à celles et ceux qui l’habitent et à d’autres modes de connaissances. En quoi ces travaux pourraient alors proposer de nouvelles pistes en matière de politiques, d’aménagement et de territoire ?