En août 2021 Tariq Fancy, ex-responsable des investissements durables au sein du leader mondial de la gestion d’actifs BlackRock, qualifiait les critères ESG utilisés par son ancien employeur et ses pairs de « dangereux placebo ». Difficile de le contredire à l’heure où les investissements durables répondent à des critères parfois flous et souvent décorrélés des objectifs de réduction des émissions. Où est le vert dans les Greenbonds émis pour financer l’extension de l’aéroport de Hong Kong ? Comment justifier que le tiers des actifs mondiaux soit dit durable, si ce n’est par l’usage de référentiels peu contraignants ? Comment empêcher ce greenwashing, si ce n’est avec un nouveau référentiel aligné sur les accords de Paris ? C’est précisément l’ambition de la taxonomie européenne, qui vise à définir ce qui peut être considéré comme « vert », et publie une liste de 72 activités économiques éligibles. Pour ces activités, via des critères quantitatifs et qualitatifs prédéfinis, la taxonomie conduira les sociétés à démontrer leur « contribution substantielle » à au moins un des 6 objectifs environnementaux prédéfinis, en tête desquels figure l’atténuation du changement climatique. La classification n’est pas statique : les critères seront revus régulièrement afin d’élever le niveau de contrainte au fil du temps. Les sociétés devront par ailleurs démontrer l’absence d’action nuisant à un autre objectif environnemental (adaptation au changement climatique, préservation des ressources en eau et des océans, transition vers l’économie circulaire, prévention de la pollution, préservation de la biodiversité). Nul ne pourra être déclaré vertueux s’il n’est vertueux sur tous les plans… Cette publication s’efforce d’identifier les conséquences engendrées par cette taxonomie européenne pour les industriels, notamment en ce qui concerne les études d’ingénierie et les approches de simulations associées aux métriques permettant de démontrer leur mise en conformité par rapport à ces enjeux…