Parallèlement au développement général du tourisme, Barcelone est devenue l'une des principales destinations européennes du tourisme LGBT+. Ce positionnement dans le marché touristique est renforcé par des politiques locales qui l'encouragent ainsi que par un secteur d'activité concentré dans un quartier, le Gaixample, qui facilite la lecture de la destination par les visiteurs. L'utilisation mixte du Gaixample par la population locale et les visiteurs en fait un lieu d'hybridation de deux manières de s'approprier l'espace. Cependant, la simple coïncidence ne permet pas de présupposer des interactions car les relations touriste-résident sont beaucoup plus complexes. De plus, le fait que le Gaixample soit un espace central n'empêche pas la mobilité de résidents et touristes LGBT+ dans d'autres quartiers de la ville. Ce travail porte sur les dynamiques spatiales des résidents LGBT+ de Barcelone concernant la conceptualisation, l'utilisation et l'appropriation des espaces queer et, dans ce cadre, où se situe la relation avec les touristes LGBT+. Étant le collectif LGBT+ assez divers, il est analysé à partir de sa pluralité d'identité et d'expression de genre, de sexualité et d'orientation sexuelle. Sans sousestimer l'importance que les intersectionnalités peuvent avoir sur les personnes participant à l'étude. Le travail de terrain consiste en des entretiens semi-dirigés avec des personnes LGBT+ vivant dans la ville. Pour couvrir le maximum de diversité, des personnes issues d'associations légalement constituées ainsi que d'autres groupes plus informels ont été interrogées pour évoluer ensuite en boule de neige. La mairie de Barcelone et le secteur du tourisme ont publié une carte LGBT+ de la ville en plusieurs langues, destinée à la fois aux résidents et aux visiteurs. Cette carte officielle servira de base à la localisation du secteur touristique par rapport aux espaces quotidiens exprimés par les interviewés. Une analyse préliminaire des résultats des entretiens montre que la relation entre résidents et touristes répond à différentes stratégies qui pourraient être regroupées en quatre groupes : éviter, dans la mesure du possible, les lieux fréquentés par les touristes ; interagir, que ce soit en saisissant l'occasion ou par une recherche active ; coexister avec eux parce que les espaces sont partagés, mais sans plus d'interaction que le résultat d'une simple coïncidence ; et, enfin, l'indifférence, comme pour invisibiliser un collectif qui est là mais qui n'est pas considéré. Les deux premiers dénotent une certaine proactivité, tandis que l'attitude des deux derniers est plus neutre ou passive. Aucune de ces stratégies n’échappe à d’autres considérations plus élémentaires qui ont également été prises en compte, telles que la stratégie d’acceptabilité de sa propre présence dans l’espace public en tant que personne LGBT+ ou les choix que l’on fait pour se rendre à un endroit ou à un autre.