La fenêtre d’observation que nous a livré le décapage d’1,5 ha au « Fond Grand Pierre » à Gondreville (Oise) a permis d’enrichir de deux occupations ce secteur du Valois méconnu, l’une antique et l’autre médiévale. Celles-ci se sont succédées sans toutefois se suivre car un hiatus de 200 ans semblent les séparer. Aux confins de trois cités gallo-romaines, sulbannectes, suessiones et meldes, cette exploitation antique se met en place à la fin du Ier siècle avant J.-C. et se termine au cours du IIe siècle. L’occupation qui n’a pas été complètement mise au jour par le décapage, paraît s’inscrire dans un système parcellaire quadrillé dont l’emprise minimale est de 2,5 ha. Cela comprend pour partie des terres en cultures et d’autre part, les structures liées à l’exploitation agricole : de rares fosses, trois celliers (?) et des structures de combustion. Quelques bâtiments sur poteaux doivent venir compléter le corpus. Les activités sont très peu renseignées. Le village médiéval fonctionne lui aussi sur une courte durée, depuis la fin du Ve siècle jusqu’au IXe siècle. A cette date, soit l’occupation se rétracte et est abandonnée progressivement, soit elle se déplace. L’emprise du décapage ne permet pas de trancher cette observation. Durant l’acmé de l’occupation, aux VIe-VIIIe siècles, plusieurs unités d’habitation et d’activités se déploient dans un espace organisé autour d’un chemin central et délimité par un parcellaire quadrangulaire et chevrons. Une réorientation s’est opérée par rapport au parcellaire antique. Le bâti est uniquement sur poteaux plantés et parois de torchis. Des systèmes de sablières basses sont observables dans quelques constructions et pour les bâtiments excavés. Les plans sont variés et offrent des surfaces minimales comprises entre 4,64 m² jusque 210 m² : habitation, stabulation, artisanat ou mixte, plusieurs hypothèses ont dû être proposées faute d’indices précis. Aucune sépulture n’a été mise au jour. Les fours à pains hémisphériques paraissent être utilisés à la fois à l’échelle de la maisonnée et peutêtre aussi dans un cadre plus collectif. Ils côtoient des structures de combustion de type varié pouvant être utilisées pour le traitement des récoltes et le petit artisanat (perle de verre, aiguisage etc..). Les activités agropastorales sont comparables à celles rencontrées dans les habitats voisins (franciliens et isariens), notamment en termes de répartition des espèces élevées (triade bovidés, suidés et ovicaprinés) et cultivés. Une rotation saisonnière des cultures est envisagée du fait de la complémentarité des blés nus, seigle et pois. Les récoltes sont stockées en silos et en greniers. Comme pour les autres implantations du premier Moyen Âge, la question du lien avec le village, actuel et proche, est posé : soit un déplacement du « Fond Grand Pierre » vers l’actuel, soit un regroupement de deux pôles contemporains. Le second cas étant plus couramment rencontré. Ce territoire du Valois est peu documenté en matière d’archéologie et les liens avec les données historiques sont de fait à peine confrontés. A la croisée de territoires gaulois puis de pagi, ce secteur pourrait s’avérer particulier. Une autre problématique ne demande qu’à être étayée par de nouvelles découvertes et concerne l’itinéraire Paris-Soissons par Dammartin-en-Goële et Crépy-en-Valois. Bruley-Chabot G. dossier documentaire - 13/40 Moins fréquenté que ceux transitant par Senlis et Meaux, cet axe a dû prendre de l’ampleur durant le Moyen Âge.