Musée et nation dans l’Espagne du XIXe siècle
Résumé
La révolution qui met un terme au règne d’Isabelle II, en 1868, et conduit à l’instauration d’un régime plus démocratique, marque une rupture dans l’histoire du musée du Prado : jusqu’alors “musée royal de peinture et de sculpture”, il devient “musée national”. Ce processus de nationalisation que formalise juridiquement la loi du 18 décembre 1869 abolissant le patrimoine de la Couronne, doit cependant être replacé dans un cadre chronologique plus large. Propriété de la Maison Royale depuis son inauguration en 1819, le musée du Prado est bientôt perçu comme un enjeu et un emblème national qui ne saurait être tributaire des aléas de la monarchie. Par ailleurs, la nationalisation des biens de l’Eglise dans les années 1830, outre la formation de plusieurs musées provinciaux, permet la création à Madrid en 1838 d’un “musée national” dont la dénomination se révèle rapidement trop ambitieuse et fallacieuse. Sa fusion, en 1872, avec l’ancien musée royal, constitue l’aboutissement logique de la lente maturation, en Espagne, de la notion de patrimoine national.