La période 1936-1918 est riche tant en crises qu’en ruptures. Pour autant, elle n’est pas exempte de continuités, de permanences. Le « recours / retour » à la nature dans les programmes scolaires d’éducation physique, et, plus largement, dans l’école, en est une des illustrations. De fait, l’école du Front Populaire, comme celle de la Révolution nationale, s’ouvre largement à la nature. L’éducation s’y déploie non seulement dans une enceinte scolaire que l’on souhaite toujours plus perméable aux adjuvants naturels (air, eau, soleil), au bénéfice de la santé de l’enfant, mais aussi à l’extérieur, au travers d’un contact avec la nature jugé fondamental pour former un certain type de citoyens, d’individus. Une fois de plus s’exprime la croyance dans la toute-puissance de la nature, selon une perspective qui emprunte au rousseauisme, mais, surtout, au naturisme (Villaret, 2006). Pour autant derrière une même valorisation se cache des usages éducatifs fort différents sous-tendant des projets politiques et culturels diversifiés voire opposés L’enjeu premier de cette communication est ainsi d’interroger la place et le rôle conféré à la nature au sein de l’école, et, en particulier, en Education physique, alors que la France traverse une série de crises entre 1936 et 1948. Il s’agira notamment d’apprécier la diversité des usages qui en est faite au sein d’une institution encore marquée par son hétérogénéité en termes de structures (Prost, 2004), de conceptions et de pratiques pédagogiques (Gutierrez, Besse, Prost, 2012). Pour ce faire un large corpus de sources (textes officiels, revues, ouvrages d’époque) sera mobilisé. Concernant les résultats qui se dégagent de l’analyse, on montrera comment le système éducatif est de plus en plus perméable non seulement aux thèses mais aussi aux pratiques naturistes. La place grandissante réservée à la Méthode naturelle de G. Hébert dans les programmes d’éducation physique en est l’exemple flagrant. L’attractivité de l’idée nature est ainsi de fournir tout à la fois, et de façon accessible, le diagnostic de la crise, l’explication de son apparition et des formes qu’elle prend, ainsi que les solutions à y apporter. C’est en effet dans des contextes de confusion que la nature s’affirme pour nombre d’individus comme un guide sûr, voire même comme la seule voie à suivre pour surmonter toutes les épreuves. Nous montrerons par ailleurs que la plasticité de l’idée de nature explique que cette dernière soit mise au service aussi bien d’une logique éducative émancipatrice que d’une logique disciplinaire, mettant en avant l’objectif d’intégration de l’individu dans un groupe structuré selon des normes précises.