« Je repense à cette formule, la paix par le droit, qui paraît si courte, si simple, si commode, si lucide. Parce qu’elle est comme géométrique, et équilatérale. Quel enfantillage, aussitôt qu’on y pense. Le droit ne fait pas la paix, il fait la guerre». Selon Péguy, l'idée de paix par le droit serait une idée séduisante par ses apparences, mais aberrante dans son contenu. Il est vrai que le droit entretient avec la force une relation, sinon paradoxale, du moins complexe : le droit, pour contenir la violence, doit l’exercer. La question que pose Péguy, c’est au fond celle, ancestrale, du glaive et de la balance. Comment le droit, ontologiquement lié à la violence, pourrait-il prétendre constituer le fondement de la paix ? Pour Péguy, la contradiction est aussi évidente que définitive : non seulement le droit fait la guerre, mais il est de sa nature indépassable de la faire. Le présent article propose alors de revenir sur l'idée de paix par le droit et sur les divers rapports qui s'établissement entre le droit, la paix et la violence.