Le présent catalogue, délaissant la traditionnelle organisation en notices, propose au lecteur de suivre l'odyssée du déchiffrement en trois chapitres, correspondant à la structure de l'exposition. Le premier s'intéresse à la période qui a précédé 1822 et s'attache à montrer la façon dont, pendant un millénaire et demi, l'écriture hiéroglyphique, désormais inaccessible, a suscité la curiosité des intellectuels qui cherchèrent à en pénétrer vainement les arcanes, donnant naissance à un courant « hiéroglyphophilique » dont se sont emparés les artistes. À défaut d'être déchiffrés, les hiéroglyphes sont une grille de lecture qui nous permet aujourd'hui d'aider à mieux déchiffrer les modes de pensée qui ont traversé l'Europe de la Renaissance à l'Âge des Lumières. La partie médiane du catalogue est évidemment consacrée à la découverte de Champollion : elle donne à suivre le parcours intellectuel qui permit au jeune Figeacois d'entrevoir en 1822 la clé des hiéroglyphes et comment, notamment à la faveur d'un voyage en Italie et surtout en Égypte en quête de nouveaux matériaux, il développa cette intuition à travers une série d'ouvrages qui jetèrent les bases de l'étude des hiéroglyphes et, à travers elle, de la civilisation pharaonique. Une dernière partie relate l’histoire commune de Champollion et du Collège de France qui l’accueillit comme professeur en 1831 et où l’égyptologie, après sa mort, chercha à se pérenniser comme discipline académique. Rien ne traduit mieux les liens privilégiés qui unissent Champollion au Collège de France que sa statue qui se dresse dans la cour d’honneur. La genèse de cette œuvre d’Auguste Bartholdi, l’auteur de la Statue de la Liberté à New York, sera retracée à travers l'étude des dessins et plâtres préparatoires de l’artiste et de nombreux documents écrits de l'époque. Après l’histoire de Champollion, c’est avec sa mythologie que le lecteur prendra ainsi congé : une mythologie qui, à côté de ses exagérations hagiographiques, a aussi sa part d'ombre.