Il s’agit, avec cet article, de notre deuxième apport à la question de la situation de formation et de son rapport aux verbalisations, dans une problématique qui cette fois rejoint les préoccupations de la didactique des arts. Notre situation professionnelle, dans un département information-communication option métiers du livre, nous donne l’opportunité de délivrer un enseignement de commentaire d’écoute de musique classique et contemporaine. Ce module s’achève par une épreuve écrite sur table de commentaire d’écoute. L’archivage de cette épreuve écrite, sur les trois années légales requises, constitue ainsi un corpus exploitable. Nous retenons plus particulièrement cet exercice, en ce qu’il a la particularité de mettre les étudiant.e.s face à la difficulté de trouver des mots pour parler de l’expérience concrète d’écoute de la musique, art non verbal. Nous retrouvons-là notre questionnement central, saisi depuis un.e tout autre acteur.trice que le.la compositeur.trice, mais qui peut s’apparenter au.à la critique littéraire ou à l’écrivain.e. Leurs activités peuvent être pratiquées par nos étudiant.e.s en amateur.e. Notre population d’étudiant.e.s présente des particularités en termes de formations, compétences, motivations et pratiques, notamment en matière de lecture, d’écriture, de littérature et de communication, au regard d’autres étudiant.e.s de L2. Ils sont aux prises avec une situation de formation, et avec un exercice hybride : entre contrainte et liberté, prescription et choix, effort et plaisir, collectif et individuel, etc., dans lequel l’exercice d’auto-confrontation de multiples dimensions identitaires est particulièrement activé. Ce travail fait appel à l’analyse qualitative et quantitative de données discursives, mais non automatisée. L’analyse des réponses nous permet d’identifier les catégories avec lesquelles les étudiant.e.s cernent le cœur et le sens de leur expérience d’écoute. Nous distinguons des catégories de verbalisation d’une part : histoire, lexique, description, ressenti, etc. ; des scores d’autre part : nombre de mots, note, performances en orthographe et syntaxe. Nous mettons dans un deuxième temps ces catégories en relation statistique avec une caractéristique essentielle de la population étudiée : le projet d’insertion professionnelle actuel pour la bibliothèque, l’édition ou la librairie. Les réponses à l’épreuve sont médiées par le rapport spécifique que chaque métier entretient avec les compétences dans les domaines du langage, de la littérature et de la communication. Elles sont sollicitées, pour assurer les activités propres à chaque métier, sur la base de principes distincts : valorisation des collections pour le.la bibliothécaire, conception de paratextes pour l’éditeur.trice, prescription de conseils pour le.la libraire. Le but de l’article, en plus d’explorer une autre dimension sociale des verbalisations de la musique, est de donner des pistes susceptibles de contribuer à mieux cerner les ressorts sur lesquels repose l’exercice du commentaire d’écoute et qui puisse intéresser la didactique des arts, en général, et plus spécifiquement, la place qu’y prend la transdisciplinarité dans la pratique enseignante. Elle y souligne, en outre, le rôle d’un outil à éventuellement activer en classe, chez des étudiant.e.s relativement avancé.e.s : celui du projet professionnel.