En 2018, émergeait l’idée que la pandémie de peste, bien documentée dans le monde méditerranéen au XIVe siècle, aurait également pu impacter l’Afrique sub-saharienne. Des restes humains de cette période, exhumés dans deux grands centres du Golfe de Guinée (Benin City et Ile-Ife) depuis les années 1960, sont actuellement réévalués. Dans quelle mesure ces os peuvent-ils témoigner (ou non) de crises sanitaires en Afrique de l’Ouest au Moyen ge? Notre réflexion s’appuie sur l’analyse (en cours) des ossements d’une quarantaine d’individus trouvés dans une fosse commune à Benin City en 1961, des restes osseux et dentaires très partiels d’un enfant mis au jour sur le site d’Oduduwa College à Ile-Ife en 2019, et de descriptions issues de divers rapports de fouilles menées dans cette ville. La position stratigraphique des squelettes, l’organisation des corps et des traces observées sur certains os sont autant d’éléments nouveaux pris en considération pour nourrir la réflexion sur le’impact possible de la peste, mais aussi sur les pratiques funéraires et le traitement des corps en Afrique tropicale avant l’ouverture du commerce atlantique.