En 1916, la sépulture de Pierre de Charny (†1274), archevêque de Sens, a révélé un grand nombre de textiles liturgiques, dont un parement d’aube de soie battue d’or. Ils ont été prélevés et documentés par Eugène Chartraire, chanoine de la cathédrale et CAOA de l’Yonne. La batture consiste en l’application d’une feuille d’or sur un textile préalablement mordancé. Parmi les quelques exemples recensés aujourd’hui, cette pièce présente l’iconographie la plus aboutie. Les figures et les arcades rehaussées de cernes noirs appartiennent au contexte artistique du milieu parisien du troisième tiers du XIIIe siècle. Certains inventaires témoignent de la présence de la batture dans les sacristies médiévales, toutefois, elle est davantage connue comme une technique de l’éphémère, souvent utilisée pour les tournois ou les funérailles. Contrairement aux autres vêtements liturgiques funéraires, généralement réemployés, le parement d’aube aurait pu être fabriqué expressément pour l’inhumation du prélat. Plus rapide d’exécution et moins couteuse que la broderie, la batture devait néanmoins produire un effet visuel saisissant, mettant en valeur le pouvoir spirituel et temporel du défunt. Le parement de Sens comble ainsi un manque de documentation matérielle concernant une technique médiévale peu connue.