Introduction L’institution revisitée Actualités et perspectives de l’intervention Gilles Monceau et Jean-Luc Prades1 Le thème de l’institution semble en recul par rapport aux années 1960- 1970. Différentes pratiques thérapeutiques, pédagogiques, psychosocio- logiques émergeaient alors, souvent portées par un discours de contesta- tion des institutions établies qu’il s’agissait de transformer de l’intérieur (psychothérapie et pédagogie institutionnelles) ou de l’extérieur (interventions psychosociologique, socianalytique, sociopsychanalytique et sociologique). Les institutions étaient alors principalement vues comme aliénantes et répressives, la priorité des pratiques professionnelles nouvelles et des élaborations théoriques était de combattre l’institué, souvent confondu alors avec l’institution. De nouvelles pratiques institutionnelles ont alors émergé avec un certain succès, principalement en psychiatrie, éducation et travail social, et se sont institutionnalisées dans différentes réformes. Les dimensions instituantes des pratiques et des discours des années 1960- 1970 ont été intégrées en partie dans nos institutions contemporaines. La sectorisation de la psychiatrie en est un bon exemple. Au début des années 2020, le contexte politique et économique est différent, les discours ont changé également. La notion d’institution n’a plus les mêmes connotations et semble marquer le pas dans les pratiques comme dans les discours. Les textes retenus dans ce volume nous en donnent certaines raisons : l’individualisme contemporain, la tendance à psychologiser le social, l’affaiblissement des corps intermédiaires et des supports (Castel, 2004), la fragmentation sociale, l’épuisement des modèles collectifs, la mondialisation et la virtualisation accélérées (entraî- nant des formes de repli sur soi)..., évolutions qui tendent à réduire l’impor- tance des contextes dans la compréhension des conduites humaines et de l’évolution de la société.