Des édifices de pierre aux édifices de papier : l'archéologie sous presse de Félix Thiollier - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Medias 19 Année : 2022

Des édifices de pierre aux édifices de papier : l'archéologie sous presse de Félix Thiollier

Résumé

Félix Thiollier (1842-1914) est aujourd’hui volontiers présenté comme un photographe auteur d’une œuvre abondante, traversée à la fois par une esthétique pittoresque et une préoccupation pour la nouvelle industrialisation. En son temps, l’homme était pourtant plus connu comme un érudit du Forez, un bourgeois éclairé dont les pratiques éditoriales et photographiques nourrissaient les recherches archéologiques et l’activité d’inspecteur des monuments historiques dans la Loire. Ses publications à l’adresse des bibliophiles, telles que Le Forez pittoresque et monumental, lui valurent une reconnaissance nationale lors des expositions universelles, mais ils n’auraient pu voir le jour sans la réalisation de travaux préalables qui, eux, furent publiés dans des revues éditées par des sociétés savantes comme la Diana et le Comité des travaux historiques et scientifiques. Paraissent ainsi dans les bulletins de ces sociétés savantes les travaux de Félix Thiollier concernant les vestiges de l'art roman en Lyonnais, les sculptures foréziennes de la renaissance ou encore les motifs d'ornementation des faïences et rocailles de la Bastie d’Urfé. Ses confrères archéologues saluent son travail photographique, et la manière dont il représente les monuments « tels qu’on les admirait » par le passé, et ceci « sans sortir de notre chambre ». Le mot d’ordre est alors de protéger et conserver. La conservation, Thiollier s’y emploie dans cette presse et dans ses livres ; ceux-ci, s’ils présentent des analyses et des illustrations plus abondantes et exhaustives, construisent dans le même temps une certaine distance entre l’objet des recherches et ceux qui la font. Les bulletins des sociétés savantes, en restituant périodiquement les communications orales et les enquêtes des archéologues, incarnent au contraire une facette vivante et parfois fragile du travail sur le patrimoine. Présentant le quotidien de la recherche, la socialité qui est attachée et ses premiers résultats, ces publications sont aussi, par leur fréquence de parution, plus en phase avec l’activité de protection que se fixent les sociétaires comme Thiollier. Dans cette presse se révèle en effet l’urgence de l’action : face aux destructions, démantèlements et tentatives de restaurations constatés jour après jour, la vigilance et la prise de position sont de mise. Pour Thiollier, cela se fait jusque dans les pages de L’Illustration, photographies à l’appui, lorsqu’il s’agit d’empêcher le départ du cloître de Charlieu pour les États-Unis après son rachat par une riche héritière en 1910. Dans l’étude des contributions de l’archéologue-photographe qu’était Félix Thiollier à la presse se révèle ainsi ce que ne disent pas ses lourds ouvrages encyclopédiques destinés aux bibliophiles : la vie parfois conflictuelle de la recherche et ses combats, loin des discussions feutrées des salons.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03923826 , version 1 (05-01-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03923826 , version 1

Citer

Clément Paradis. Des édifices de pierre aux édifices de papier : l'archéologie sous presse de Félix Thiollier. Medias 19, 2022, Presse et patrimoine. ⟨hal-03923826⟩
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