Adaptations au grimper et paléoécologie d’Amphicynodon leptorhynchus, petit carnivore énigmatique de l’Oligocène inférieur des Phosphorites du Quercy
Résumé
Les Carnivora affichent un large panel d’adaptations écologiques et notamment de comportements locomoteurs : généraliste, grimpeur, coureur, semi-fouisseur, nageur... Une des méthodes utilisées pour inférer le mode de vie des animaux éteints repose sur l’analyse des adaptations locomotrices illustrées par leur squelette. Pendant l’Oligocène ancien, la famille éteinte et probablement paraphylétique des Amphicynodontidae était très diversifiée en Eurasie, et constitue une famille emblématique des sites fossilifères des Phosphorites du Quercy (sud-ouest de la France). Pourtant, leur paléoécologie reste encore largement inconnue. Le site d’Itardies (MP23, environ 30 Ma) est une mine d'or pour l’étude des Amphicynodontidae, car il a livré des centaines de restes fossiles attribués à l’un de ces arctoïdes primitifs, Amphicynodon leptorhynchus. L’étude de nombreux restes post-crâniens appartenant à ce petit carnivore quercynois permet une analyse fonctionnelle détaillée de l’anatomie de ses membres, antérieur et postérieur, et ainsi de réaliser les premiers pas dans l’exploration de la paléoécologie des Amphicynodontidae. En comparant son squelette appendiculaire à ceux de douze carnivores actuels présentant des comportements locomoteurs variés, nous avons mis en évidence des adaptations au grimper chez A. leptorhynchus : mobilité des articulations dans l’espace en trois dimensions, puissante musculature permettant la traction du corps et le contrôle du mouvement sur des supports verticaux, capacités de manipulation développées, ainsi qu’une cheville très mobile permettant de réaliser une rotation du pied. D'après la morphologie de ses membres, A. leptorhynchus était probablement un carnivore grimpeur talentueux, qui se déplaçait avec agilité dans les arbres mais plutôt lentement avec des mouvements bien contrôlés, comme le font de nos jours les carnivores grimpeurs lents comme le kinkajou.
Cette recherche a reçu le soutien financier du CNRS dans le cadre de la « Recherche coopérative sur programme : Phosphorites du Quercy”, des bourses d’aides à la mobilité ERASMUS+ de la Faculté des Sciences de l’Université de Montpellier et AMI du Ministère de l’Education Supérieure, de la Recherche et de l’Innovation et enfin du laboratoire PALEVOPRIM (CNRS et Université de Poitiers UMR 7262).