Le travail de care des travailleuses migrantes est souvent caractérisé par des tâches dites sales, un temps soumis, une faible rémunération, des relations marquées par la subalternité et qui expriment la violence des rapports sociaux de sexe, de classe, de race et Nord/Sud, dans le cadre de la mondialisation néolibérale. Or, comme le proposent plusieurs auteur-e-s, il n'est pas possible de prendre les travailleuses migrantes pour des « victimes », de considérer le travail comme étant uniquement source de souffrance et pas de plaisir, d'occulter le potentiel subversif du care. Sans tomber dans une certaine illusion de la toute puissance du sujet (de Gaulejac, 1987) qui minimiserait le poids des contraintes sociales sur le soit disant pouvoir d'agir de ces travailleuses de care, j'ai appris à regarder leur manière de résister. Il s'agit d'une part d'une résistance face à la souffrance et la violence au travail, d'autre part d'une résistance par le travail, par le care. Je présenterai brièvement quatre (4) aspects de cette résistance. Mais avant tout, je présenterai une approche épistémologique et méthodologique qui fait advenir une analyse de la résistance au plus près du vécu et de la parole des travailleuses de care rencontrées en France et en Haïti. Il s'agira de comprendre dans ces discours sur la résistance ce que font les travailleuses de care pour tenter de défaire l'oppression, la domination et l'exploitation.