Au printemps 2020, la fermeture des écoles liée à la pandémie de COVID-19 a amené les parents à jouer un rôle encore plus central que d’habitude dans l’apprentissage de leurs enfants. L’école à la maison représente un défi pour tous les parents, mais particulièrement pour les familles de milieu plus populaire du fait de l’existence d’une fracture à la fois numérique, culturelle et structurelle (Goudeau et al., 2021). Dans cette étude réalisée durant le premier confinement, 360 parents (290 femmes, 68 hommes et 2 personnes non-binaires, Mâge = 37,70, ETâge = 5,10) ont répondu à des questions concernant (1) leur équipement numérique, (2) la mise en place de l’école à la maison, (3) le soutien d’autres activités plus ou moins « profitables » d’un point de vue éducatif et (4) la perception de leur capacité à faire l’école à leur enfant (e.g., auto-efficacité). Un score d’indice de position sociale (Rocher et al., 2016) a été attribué à chaque parent sur la base de sa CSP. Des modèles de régressions linéaires (pour les variables continues) et logistiques (pour le variables catégorielles) robustes ont été calculés. Les résultats indiquent que tous les parents ont été hautement impliqués dans la mise en place de l’école à la maison. Cependant, plus l’indice de position sociale est élevé, plus la probabilité de posséder un ordinateur est élevée et plus le nombre d’ordinateur possédé au sein du foyer est élevé. Par ailleurs, la mise en place de l’école à la maison per se (e.g., réception et utilisation des ressources transmises par les enseignant·es) ne varie pas significativement en fonction de l’origine sociale. Par contre, plus l’indice de position sociale est élevé, plus les enfants ont passé de temps à effectuer des activités « profitables » (e.g., lecture, activités créatives), et moins ils ont passé de temps à effectuer des activités « non-profitables » (e.g., regarder la télévision). Enfin, plus l’indice de position social est élevé, plus les parents reportent de hauts niveaux d’auto-efficacité perçue, et de faibles niveaux de peur de l’échec académique. Ainsi, les parents de milieu favorisé semblent mieux équipés à la fois matériellement et psychologiquement pour relever le défi de l’école à la maison. Ces résultats seront discutés au regard du risque d’augmentation des inégalités scolaires qu’ils soulignent.