Un an après la tenue de « Paris-Moscou, 1900-1930 » au Centre Georges Pompidou, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) présentait « The Avant-Garde in Russia 1910-1930: New Perspectives » . Vus d’aujourd’hui, les moyens et les ambitions des deux projets apparaissent fort différents. « Paris-Moscou » incluait 2 500 œuvres et documents dans une démarche historiographique qui explorait les échanges et les circulations des artistes, collectionneurs, marchands, œuvres, idées ou motifs entre la France et la Russie/URSS dans le premier tiers du XXe siècle. Le LACMA affichait le parti pris inverse : ses commissaires Stephanie Barron et Maurice Tuchman insistaient sur l’importance de restreindre le corpus en isolant une catégorie de travaux réunis par leur caractère expérimental et inédit et de défendre ainsi un ensemble qualitatif, l’art de l’avant-garde russe sans faire appel à des prêts soviétiques ni subir de pressions idéologiques. L’article s’intéresse de près au regard que l’exposition du LACMA portait sur l’avant-garde russe et à la lecture qu’elle proposait de l’histoire – un regard « depuis l’Occident », historiquement et géographiquement situé. Il s’agira aussi de comprendre pourquoi et comment ce regard se tournait vers le présent de 1980 et « vers l’Occident », et particulièrement vers la scène américaine de l’art alors contemporain.