Dans le catalogue de l’exposition La Cible (Moscou, 1913), Mikhaïl Larionov et ses collègues signent un manifeste qui rejette l’idée d’organiser les expositions de groupe à venir en fonction d’un calendrier prédéfini; il propose de les dissocier de toute structure artistique stable, et précise qu’“elles ne porteront pas de nom mais seront numérotées en commençant par le chiffre 4“. Cette déclaration de l’indépendance de l’exposition (sans nom ni supervision, à fréquence variable) rime singulièrement avec l’appel lancé, dans le même texte, à délaisser l’individualité de l’artiste au profit des productions seules, ne relevant d’aucun mouvement ni tendance artistique. Je propose de réfléchir à cette association entre une forme d’exposition et une conception de la production artistique dans l’hypothèse qu’elle participe de la redéfinition des concepts d’artiste, d’œuvre et d’institution artistique en cours à cette époque.