La capacité de notre système auditif à traiter les modulations temporelles des sons joue un rôle crucial dans notre capacité à percevoir la parole et donc à apprendre une langue. De précédentes études indiquent que la sensibilité aux modulations d’amplitude (AM) continue de s’améliorer jusqu’à l’adolescence. Ce long développement pourrait être lié à la maturation de mécanismes sensoriels (extraction et codage de l’AM) et/ou à l’amélioration de mécanismes non sensoriels (i.e., efficacité de traitement). Afin de caractériser plus précisément les facteurs impliqués dans le développement de cette capacité, un groupe de jeunes adultes et un groupe d’enfants âgés entre 5 et 11 ans a participé à deux études comportementales mesurant 1) la susceptibilité au masquage d’AM, 2) l’effet d’intégration temporelle. Dans la première étude, les seuils de détection d’une AM sinusoïdale (4, 8 ou 32 Hz) sont mesurés avec une porteuse non-bruitée (un son pur) ou bien avec une porteuse bruitée (bandes de bruit). Les résultats montrent que les seuils de détection s’améliorent globalement avec l’âge mais que les effets de la cadence ou de la porteuse bruit ne sont pas affectés par l’âge. Dans la deuxième étude, les seuils de détection d’AM (4 ou 32 Hz) sont mesurés avec une porteuse son pur mais le nombre de cycles d’AM présenté varie entre 2 et 8 cycles. Les résultats montrent que les seuils dans la condition 2 cycles s’améliorent entre 5 et 11 ans, mais continuent de s’améliorer jusqu’à l’âge adulte dans la condition 8 cycles. Un modèle computationnel suggère que les mécanismes sensoriels de codage de l’AM pourraient être matures dès l’âge de 5 ans. Cependant, une amélioration des composantes non-sensorielles, tel que le bruit interne combiné avec des capacités de mémoire à court-terme plus faibles chez les enfants, simulerait mieux la trajectoire développementale observée pour la détection d’AM.