La plupart des travaux issus de la littérature s'accordent pour attribuer la génération du bruit de crissement roue/rail en courbe à l’important glissement latéral imposé dans la courbe et aux instabilités résultantes. Dans les modèles, l’occurrence du phénomène est ainsi généralement étudiée à travers une analyse de stabilité basée sur la linéarisation des efforts au contact. Malgré son intérêt indéniable, l’analyse de stabilité ne permet pas de prédire les amplitudes des vibrations auto-entretenues non linéaires résultant des instabilités, étape indispensable à la détermination des niveaux vibratoires et acoustiques de crissement. Ces vibrations non linéaires sont le plus souvent calculées à l'aide d’une intégration numérique des équations dynamiques du système dans le domaine temporel. Certains auteurs ont toutefois proposé des méthodes simplifiées permettant un calcul direct des régimes stationnaires. Elles sont malheureusement limitées à une description modale réduite de la dynamique du système. Dans cette présentation, une méthode est proposée pour déterminer des cycles limites approchés à partir des mobilités de contact roue/rail exprimées dans le domaine fréquentiel. La condensation au contact permet d’être à la fois plus général et plus fonctionnel pour décrire la dynamique des structures, en particulier celle du rail à laquelle une représentation modale est peu adaptée. On fait d’abord l’hypothèse d’un cycle vibratoire mono-harmonique dont la pulsation correspond à celle d’une instabilité identifiée par l’analyse de stabilité. L’amplitude du cycle est ensuite déterminée à partir d’un bilan de puissance. Le niveau de crissement à la pulsation considérée est enfin obtenu à partir de facteurs de rayonnement analytiques.