La violence d’État sous l’Ancien Régime : l’exemple de l’obligation militaire
Résumé
Laconscription révolutionnaire qui, sous diverses formes, s’est perpétuée jusqu’à la fin du XXe siècle a pu être dénoncée comme un esclavage sanglant par les antimilitaristes. Sous l’Ancien Régime en revanche, les différentes formes d’obligations militaires utilisées pour compléter les troupes professionnelles étaient largement tenues pour légitimes, comme je l’ai montré dans ma thèse. J’ai profité du colloque organisé par le Professeur Franck LAFAILLE (Université Sorbonne Paris Nord) pour identifier les cas dans lesquels l’obligation militaire fut perçue comme une intolérable violence d’État et les auteurs de cette critique. Pour ce faire, j’ai, d’une part, synthétisé des travaux historiographiques locaux sur les actes de révoltes et de désertion par lesquels la population désobéit à un ordre étatique jugé illégitime. J’ai, d’autre part, dépouillé les cahiers de doléances recueillis dans les Archives parlementaires et les Gazetins de la police secrète rédigés pour le Lieutenant général de police dans lesquels sont rapportées les critiques émises ou entendues de la population. Au terme de ces recherches, je dois admettre que l’obligation militaire fut moins dénoncée que je ne l’avais imaginé initialement. Pour être réel, le rejet de la milice fut moins massif et virulent que je l’avais cru en raison des dénonciations virulentes dont elle a pu faire l’objet de la part de certains auteurs étudiés dans ma thèse. En conclusion, une hypothèse est proposée pour expliquer ces résultats contre-intuitifs.