Discipliner la psychanalyse ? Enjeux et effets de sa place dans le champ universitaire en psychologie clinique
Résumé
Contexte : À partir de leur place d’enseignants et chercheurs impliqués dans la formation des étudiants en psychologie clinique, les auteurs, sensibles aux changements relevés dans la parole et donc dans les discours, repèrent les effets de ces derniers dans le contexte universitaire actuel.
Objectifs : Les auteurs proposent de réinterroger les rapports et liens entre université et psychanalyse à la lumière des changements qui touchent, depuis plusieurs années déjà, celle qui y fût jusqu’alors son abri : la psychologie clinique.
Méthode : Par la contextualisation des enjeux ayant historiquement prévalu à créer et entretenir les liens entre psychanalyse et université, les auteurs empruntent un itinéraire qui les amène, depuis la question initiale soulevée par Freud en 1919, à recentrer leurs propos sur la situation hexagonale à partir de 1947 et de l’entreprise inaugurale de Lagache de faire entrer la psychanalyse à l’université par l’entremise de la psychologie clinique. L’hypothèse de la mise en lien des changements affectant la psychologie clinique et d’un mouvement tendant à faire de la psychanalyse une discipline universitaire sert de fil conducteur à la discussion.
Résultats : Les rapports entre psychanalyse et université sont, en France, consubstantiellement liés à ceux entre psychanalyse et psychologie clinique, historiquement construits sur une conflictualité salutaire garantissant l’« indomptabilité » de la psychanalyse. Depuis la proposition de Lagache, l’université expérimentale de Vincennes, Censier et l’université Paris 7, le trajet emprunté par les auteurs révèle la complexité des enjeux agitant les mouvements autour de la place de la psychanalyse à l’université et éclaire ce qu’ils désignent comme un processus de « disciplinarisation ». Si, à cet égard, le projet de Laplanche répondait à une visée bien particulière, ce mouvement aujourd’hui pourrait être favorisé par les glissements sémantiques qui touchent la psychologie clinique et ne lui permet plus de se circonscrire en un sous-espace disciplinaire clairement identifiable.
Conclusion : À l’instar de ce qui peut se repérer dans les intitulés de Master, le chemin est ouvert pour que s’installe, dans l’espace laissé vacant par l’effacement de la psychologie clinique, une psychanalyse qui, occupant la place d’une discipline universitaire, devient tout autre chose.
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